Déco-nnexions & Rencontres

Déco-nnexion avec Margaux Keller

crédit photo Liliinwonderland

Margaux Keller est une designer et architecte marseillaise aussi solaire et poétique que ses créations. Les séries d’objets et pièces de mobilier de Margaux Keller Collections sont fabriquées localement par des manufactures aux savoir-faire d’exception. Chaque pièce porte une dimension affective et émotionnelle. Alors qu’elle lance la série 11 de sa collection Artichaut, elle s’est prêtée au jeu de mes questions déco-nnectées. Alors, on respire la lavande et les embruns du petit port de La Ciotat et on monte le volume du chant des cigales pour découvrir à travers cette interview l’univers sensible, coloré et délicat de Margaux Keller.

1. Quand je ferme les yeux et que je pense à l’univers de Margaux Keller Collections, j’imagine une glace double en cornet biscuit au parfum citron-fraise : la première boule sorbet pour sa saveur acidulée et sa couleur joyeuse et la seconde boule crème glacée pour sa gourmandise et sa douceur… Et vous ?

Lorsque je ferme les yeux et imagine mon univers, il évoque pour moi un moment d’enfance, coloré et joyeux, à la fois simple et gourmand. Une glace double au parfum citron-fraise est une belle métaphore : le citron symbolise mon désir d’apporter de la fraîcheur et de la vivacité, et la fraise, sa douceur et son côté rassurant. Ce mélange représente bien mon approche du design, où chaque création cherche à allier poésie et fonctionnalité.

crédits photo Laure Mélone & Margaux Keller Collections

2. Que ce soit dans le Golfe de Marseille ou dans le Luberon, Paul Cézanne semble vous accompagner partout sur vos terres chéries. Ce maître de l’impressionnisme se confiait ainsi : « Peindre d’après nature, ce n’est pas l’objectif, c’est réaliser des sensations. » Vous, vous explorez la dimension émotionnelle du design. Quelles sensations précisément cherchez-vous à faire réaliser à travers vos créations ?

À travers mes créations, je cherche à susciter des émotions qui résonnent avec les sensations du quotidien. Je veux que mes pièces soient des vecteurs d’émerveillement, de douceur et de lien avec l’histoire et la nature. L’émotion pour moi, ce n’est pas quelque chose de purement esthétique, c’est un pont qui permet de se reconnecter à soi, aux autres et aux endroits qui nous inspirent et aux espaces et objets qui nous entourent.

3. Dans la famille Pagnol, je voudrais dans vos collections, le vase « Marius », le fauteuil « Galinette » et le chevet « Fani »… Vous revisitez avec Brio cette chère Provence d’antan. En quoi le chant des cigales et l’accent du midi vous inspirent tant ?

Le chant des cigales, l’accent du Midi, les paysages baignés de lumière sont au cœur de mon identité. La Provence représente une richesse intemporelle, à la fois sonore, olfactive et visuelle. C’est une source infinie d’inspiration pour réinterpréter cette tradition avec modernité, en créant des objets qui racontent une histoire et qui rendent hommage à l’authenticité et à la chaleur de cette région.

4. Fidèle à votre mantra libérateur « je ne m’interdis rien », vous collectionnez les collabs aussi éclectiques qu’enthousiasmantes comme avec Roche Bobois, Monoprix, Bibelo, Plum Living et plus récemment avec André Renault… Qu’est-ce qui vous plait le plus : le mélange des talents ? Les rencontres humaines ? Les deux ?

Ce que j’apprécie le plus dans les collaborations, c’est le mariage des talents, les rencontres humaines et le partage des savoir-faire. Chaque projet est une aventure, une manière de confronter des visions, d’apprendre et d’innover ensemble. Le design, pour moi, est une discipline qui se nourrit d’échanges et qui permet d’explorer des univers multiples, d’établir des passerelles entre les savoir-faire, les matières et les cultures.

5. La Maïoun, votre mas provençal sis sur le plateau des Claparèdes, semble être la quintessence de l’esprit de vos créations, le rêve fantasmé et exaucé de votre campagne d’enfance. Cette bastide a le goût d’une madeleine de Proust ou d’un calisson d’Aix ! Que chérissez-vous le plus là-bas ? La fragrance des lavandes fraichement coupées, les « gros soupers » (lou gros soupa) en famille ou entre amis, l’héritage des savoir-faire ancestraux ?

La Maïoun est bien plus qu’un lieu, c’est une véritable philosophie de vie, un écrin où je retrouve mes racines et mon inspiration. Ce que je chéris le plus là-bas, c’est l’odeur apaisante des lavandes, les moments de partage autour des soupes au pistou estivales, et l’héritage artisanal qui continue de nourrir mes créations. Cet endroit incarne l’authenticité, la mémoire et la connexion profonde avec la terre et ceux qui la façonnent.