Acte I : La Villa 216, une parenthèse confidentielle au cœur de Lyon
Une façade aux couleurs solaires
La Villa 216 sait se faire discrète, nichée au fond d’un beau jardin et rocaille, caché derrière les grilles d’un élégant portail, à l’écart de l’agitation de l’Avenue Félix Faure.
Elle est majestueuse, se targuant de proportions et de lignes propres à
l’architecture néoclassique. Elle dévoile aussi par sa parure colorée un côté
presque effronté de sa personnalité comparé aux codes plus sages de ses congénères
de la fin du XIXème siècle.
Née en 1890, cette superbe demeure semble se plaire sur l’ancienne avenue du château.
Elle semble écouter comme jadis le bruit des chevaux sur les pavés, regarder passer les badauds endimanchés de leurs plus beaux atours se rendant, qui sait, à la grande fête de bienfaisance organisée au Parc de la Tête d’Or qui promet une grande cavalcade historique, des courses d’Amazones, des régates et pantomimes nautiques… Cent trente ans plus tard, la « Vieille Dame » n’a pas pris une ride et a même rajeuni grâce à ses nouveaux propriétaires, Audrey et Sylvain.
Un jardin élégant, royaume des carpes Koï
Intact, le jardin est toujours aussi élégant. Dans le bassin de la rocaille, des carpes Koï s’agitent. Poisson emblématique, symbole de la bravoure et du courage, cette espèce illustre parfaitement les qualités du couple qui s’est lancé dans cette rénovation ambitieuse. Audrey et son mari savaient en outre dans quelle aventure ils s’engageaient puisqu’ils sont à la tête d’une agence d’architecture.
La carpe
Koï évoque aussi, sans grande surprise, l’amour. Pas étonnant car ce fut pour
eux un véritable coup de cœur, une évidence. Alors qu’ils recherchaient
initialement un grand appartement avec terrasse, cette maison a bouleversé
leurs plans et les a même convaincus d’ouvrir des chambres d’hôtes, le rêve
caché d’Audrey depuis l’adolescence.
Si l’on continue notre balade dans le jardin, on remarque d’appréciables touches de modernité.
Sur la terrasse légèrement surélevée, le mobilier aux teintes pastel y est épuré, discret, avec des lignes contemporaines nous invitant à nous y poser le temps d’un thé ou d’une lecture.
On y oublie complètement que nous sommes dans le centre-ville de Lyon.
A l’abri du regard, un spa abrité est même à notre disposition,
offrant les conditions rêvées d’une
détente absolue.
Avant de monter les quatre marches du perron et d’ouvrir la belle porte turquoise, j’observe une dernière fois les détails de la façade néoclassique à travers la sublime marquise ferronée.
La symétrie des lignes des
ouvrants, les pilastres et le fronton central m’impressionnent, la corniche
soulignée par les denticules et les balustres m’émerveillent…
Je pousse enfin la porte principale et me retrouve dans le hall d’entrée qui me confirme que cette rénovation sera haute en couleurs.
Une harmonie parfaite entre l'ancien et le contemporain
Il révèle dès la première seconde une harmonie parfaite entre l’ancien et le contemporain.
L’audacieux papier peint insuffle vitalité et modernité à ce lieu chargé d’histoire et s’harmonise assurément avec les carreaux de ciment d’origine.
Le répertoire floral fait résonner une esthétique naturaliste à faire pâlir Majorelle ou Emile Gallé, les maîtres de l’Art Nouveau. Ainsi dans cet écrin résolument classique, aux savantes touches art déco, les couleurs et motifs égaient avec fantaisie et subtilité la demeure si longtemps restée fanée.
Audrey et son mari ont su faire renaître la grande dame
avec raffinement : un bel exemple de renaissance guidée par la lumière, le
design et l’imagination.
Une ambiance empreinte de douceur
Le vert de gris utilisé du sol au plafond, plonge les pièces dans une ambiance empreinte de caractère et de douceur, une élégance feutrée, adoucie par ce jeu de teintes subtiles délicieusement actuelles.
Chaque chambre devient un écrin intemporel ayant su conserver les codes classiques : la cheminée, les moulures, le parquet en pointe de Hongrie… tout en distillant de la modernité.
La Villa 216 est une maison incroyable qui confirme de manière magistrale qu’une rénovation, si elle est dosée comme un jeu subtile entre classique et contemporain peut redonner vie à une belle endormie.
« Exit » le baiser du prince ! Cette rénovation exemplaire de passionnés nous offre le luxe de nous permettre une parenthèse confidentielle urbaine dans ce refuge intimiste hors du temps rimant avec charme, confort et patrimoine. « Le regard moderne sait voir la gamme infinie des nuances », notait une nouvelle fois Maupassant au XIXème siècle.
Audrey et son époux ont fait leur cette maxime, en accomplissant la synthèse subtile entre un patrimoine passé et une adaptation ancrée habilement dans son temps.
Merci pour cet article, un écrin de verdure en plein Lyon et une magnifique bâtisse.
RépondreSupprimerMagnifique demeure, rénovation chaleureuse et subtilement dosée...et le texte toujours si bien écrit...encore bravo Gisèle 🤩😍
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