Acte II : Le salon de thé & décoration Romain Bertrand, une parenthèse enchanteresse

Il était une fois, dans une contrée lointaine de Haute-Loire, une bourgade de trois cents âmes, Saint-Geneys-près-Saint Paulien. A l'approche de Noël, ses maisons en pierres se paraient de décorations faites de cœurs en bois, de gros nœuds rouges et de teddy bears, tous plus adorables les uns que les autres. Pour peu que la neige fût de la partie, les badauds étaient plongés dans un monde féérique loin de l'atmosphère anxiogène du temps. Ce tableau a priori enchanteur n'est pourtant pas un rêve et le salon de thé Romain Bertrand au cœur de ce village non plus. Je m'empresse donc de vous conter cette délicieuse parenthèse hors du temps. Prêtez-moi l'oreille que j'y dépose le conte, là, dans le creux, comme une petite merveille...

Pour être tout à fait honnête, j'avais fait la route expressément pour découvrir le salon de thé de Saint-Geney dont on m'avait vanté les délices. Dès mon arrivée aux abords du village, je dois bien avouer que je fus étonnée par la décoration des premières maisons.

  Avec des gros nœuds et des cœurs rouges à foison, des ours en peluche qui escaladent les façades, je suis d'abord partagée entre rire et sourire. 

 

Mais plus je m'enfonce dans les ruelles, où chaque maison en pierres a joué le jeu de cette décoration très homogène, plus je trouve la mise en scène touchante et charmante. A cette seconde même, la dimension quelque peu « too much » s'envole et je suis conquise par le charme de ce village qui a su prendre des allures de village de Noël d'autant que le froid piquant et la neige sont de la partie.

 Je flâne tranquillement, oubliant le but premier de ma visite, curieuse de découvrir les tableaux imaginés par les habitants : des objets d'antan, des scénographies dignes de l'imaginaire de Lewis Caroll. Je prends volontiers la place d'Alice au pays de ces merveilles.

 Mon sourire ne peut s'échapper de mon visage, surtout lorsque je découvre le fil étendu par le Père Noël pour faire sécher ses effets personnels ! 

 

Le temps s'est arrêté. L'atmosphère anxiogène de notre monde fou aussi. Je ne sais plus ni quel âge j'ai, ni où se cache le salon de thé recherché quand soudain je tombe nez à nez avec un carrosse doré... 

Ça n'étonne personne ? Tout semble normal dans ce village fantastique. Dans deux secondes je risque de voir traverser Compère lapin avec une montre à gousset, le Prince Charmant, la Reine des Neiges ou encore le Petit Bonhomme en pain d'épice !!! Ce fiacre est garé à l'entrée du château du Maréchal Fayolle, théâtre de somptueux mariages les beaux jours revenus.

A deux pas, les promeneurs sont plus nombreux, le salon de thé et son magasin de décoration approchent, nichés dans deux vieilles fermes mitoyennes, joliment décorées. 

La scénographie de l'entrée des lieux est savamment pensée. A peine le pas de la porte franchi, les visiteurs sont plongés dans un univers féérique. 

Une myriade d'objets plus nombreux encore que ce que vous pourriez imaginer, alimentent sur plusieurs niveaux la boutique de décoration. Visualisez-vous le trésor du Capitaine Crochet ? Celui de Rackham le Rouge ? La salle des trésors des Aventuriers de l'Arche perdue ? La grotte des Mille et une nuits ? Les mystérieuses cités d'or ? Et bien ce n'est rien à côté de ce que renferment les différentes pièces de la maison/boutique de Romain Bertrand. Ici, pas besoin de mot de passe à donner, de code secret à trouver, juste se faire plaisir en trouvant un petit souvenir à ramener à la maison ou faire ses courses de cadeaux de Noël. 

Parce que l'on ne va pas se mentir, que vous le vouliez ou non, vous repartirez inéluctablement avec un gros ou un petit quelque chose car la magie opère et n'a pas fini d'opérer si l'on rejoint le fameux salon de thé tant espéré qui jouxte le magasin! 

Ayant pris le soin de réserver une table au préalable, je m'approche vers l'accueil, impatiente de déguster un délicieux goûter. J'aperçois de lourds rideaux de velours, des lustres en cristal et des fauteuils aux finitions arrondies, ambiance façon boudoir ou salonnières des siècles passés. Je m'attends à voir approcher Mme De Rambouillet, la Duchesse du Maine ou même encore Mme de Staël, toutes disposées à faire régner l'enjouement général des lieux. Mais c'est le sourire et la bonne humeur de Ludovic Bertrand qui m'accueille et c'est tout aussi bien. 

Il nous fait nous installer, mes amis et moi, à une table ronde tout contre la cheminée. 

L'ambiance est poudrée et cosy, feutrée et raffinée. La carte des gourmandises est dissimulée dans des livres joliment reliés, petit clin d'oeil à l'esprit littéraire des salons bourgeois où le plaisir de la conversation était de mise. On se sent privilégié, apaisé.

 Quoi de plus réconfortant après une balade hivernale que de se retrouver dans un cocon où les maitres des lieux n'ont qu'un dessein, celui de prendre soin de vous. Comme par magie, les soucis s'évaporent, dès la première gorgée de chocolat chaud et la première bouchée de la pâtisserie servie dans de délicates porcelaines.

 Le velours des fauteuils médaillons, les pampilles des lustres, les dorures des miroirs nous embarquent dans un style Belle époque très agréable et créent une véritable parenthèse de confort. Les nappes en tartan rouge et vert font résonner l'esprit de Noël. Oui nous sommes ici plongés dans un décor d'opulence bien loin des aspirations minimalistes des codes contemporains. Et alors ?

Ce faste de rondeurs et de délicatesse fait un bien fou au moral tant il est réconfortant. Le temps s’égrène comme à regret dans une langueur en rien monotone. Je survole les articles de la gazette du village et il est déjà l'heure de reprendre la route, la tête dans les étoiles et le cœur apaisé. Je vécus heureuse au moins le temps d'une journée, insouciante sur mon petit nuage telle la Fée Clochette. Romain Bertrand Salon de thé & décoration, créateur de rêve, a exaucé mon vœu, celui de me faire croire en la magie de Noël. 

Cric, crac, faites silence, écoutez bien, je l'entends d'ici, la fauvette fait cui-cui et voilà, le conte est fini.