Rencontre avec Vincent Rousseau, créateur de ROVT Design
Il est des rencontres qui vous touchent à cœur, qui vous
confirment que la nature humaine peut être belle. Comme cette même nature
humaine qui est faîte de contradictions et d’ambivalences, Vincent Rousseau,
créateur instinctif et spontané, autodidacte, imagine des produits décalés,
contemporains extravagants mais simples à la fois.
Il explore… il explore les
styles, les matières, revisite les objets, les travestit parfois mais toujours avec
élégance et délicatesse. Ses créations sont uniques et révèlent la beauté des
objets.
Il aime le bel ouvrage, préfère encore davantage percer le mystère de la matière. ROVT design est un concept à lui seul, un schème hybride qui lie le design, la décoration et un atelier de fabrication.
Il aime le bel ouvrage, préfère encore davantage percer le mystère de la matière. ROVT design est un concept à lui seul, un schème hybride qui lie le design, la décoration et un atelier de fabrication.
Je vous propose aujourd'hui la visite de son showroom et de son atelier, "un laboratoire impertinent où se mêlent et se transforment espace, matière et idées".
Je vous propose la rencontre avec Vincent Rousseau, un créateur modeste et inventif qui semble se jouer des conventions, des chemins tout tracés.
Je vous propose la rencontre avec un designer instinctif qui distille un regard différent et bienveillant sur les objets et les lieux qui nous entourent.
Je vous propose la rencontre avec un artiste à l’image des évolutions de notre société, attentif aux autres, sensible aux préoccupations de la planète, passionné par la matière.
Je vous propose la rencontre avec ROVT, un projet, une signature, une vision simple et identitaire du design, sans style ni limite, empreint d’une grande liberté.
Je vous propose la rencontre avec Vincent Rousseau, un créateur modeste et inventif qui semble se jouer des conventions, des chemins tout tracés.
Je vous propose la rencontre avec un designer instinctif qui distille un regard différent et bienveillant sur les objets et les lieux qui nous entourent.
Je vous propose la rencontre avec un artiste à l’image des évolutions de notre société, attentif aux autres, sensible aux préoccupations de la planète, passionné par la matière.
Je vous propose la rencontre avec ROVT, un projet, une signature, une vision simple et identitaire du design, sans style ni limite, empreint d’une grande liberté.
En tête à tête
1. Vous avez d’abord eu une formation
d’ingénieur en électricité qui va davantage vers la science que le design. Avec du recul, était-ce une erreur de
parcours ou un passage obligé dans votre parcours au sein duquel le design est
la suite logique de cette formation initiale ?
Rétrospectivement, c’est une erreur de parcours je pense. C’est un manque
de recul à l’adolescence. J’étais intéressé par des filières artistiques qui
n’étaient pas celle du design, mais plutôt de la musique ou de la mode. Mais en
résumé toute ma famille est ingénieur en fait… « Sois ingénieur et après
tu verras ce que tu feras ! ». A la réflexion, ce n’était pas un si
mauvais conseil : ce n’est pas mal venu d’autant que cette formation
m’aide beaucoup aujourd’hui, même si tout ce que je mets en œuvre n’a rien à voir
avec l’électricité. Le niveau technique de mes luminaires est très
simple : leur carcasse, c’est de la mécanique, de l’usinage, du tournage,
de la découpe laser ou de l’assemblage. Au final ma formation initiale m’aide
surtout à apprendre, à structurer une recherche.
"La création
prime sur la réalisation"
2. Vous avez participé à des expositions
comme à Aubusson où vos objets ont été mis en scène aux côtés d’œuvres d’art… Comment aimez-vous vous définir ?
Artisan ? Artiste ? Designer ? Créateur ?
Cette exposition, c’est une belle expérience. C’était la première fois
que j’exposais dans une galerie d’Art avec des artistes…
Comment me définir ? Je peux répondre à cette question de plusieurs
manières : dans ma signature de mail, il est écrit « designer de
mobilier et concepteur d’atmosphère ». Mais pourtant je refuse le terme de
designer car pour moi un designer s’intéresse à beaucoup plus de sujets que je
ne le fais moi-même. Maintenant, il y a pourtant une grosse part de design dans
ce que je fais… On parle de mobilier, de style, d’usage, de fonction, des sujets
propres au design. Ce n’est pas que je ne veux pas être designer, c’est que je
ne lui suis pas, je n’en ai pas la formation… Parallèlement à cela, dans mon
travail, il y a aussi une part artistique même si l’artiste a, selon moi, une
autre réflexion, d’autres objectifs. Je ne prétends pas non plus être artisan
car un artisan a un vrai savoir-faire manuel. Je n’ai pas de savoir-faire
particulier, je fais de la conception, de l’assemblage, de la fabrication, je
donne naissance à des objets. Ce qui m’intéresse est bien en amont. La création
prime sur la réalisation. Au final, je serai toujours designer et artiste. Ce
sont les deux dénominations qui me caractérisent le plus. Aujourd’hui, je suis
plus designer et demain ce sera peut-être plus artiste. Le dosage entre les
deux évoluera peut-être à l’avenir…
« designer de
mobilier et
concepteur d’atmosphère »
3. On a pu dire de votre travail qu’il
correspond à un design décomplexé. Ce
qualificatif vaut-il également pour votre personne, ou vos créations sont-elles
un exutoire pour oser ?
« Décomplexé », je ne sais pas ce que cela veut dire vraiment.
Ce qui est sûr, c’est que j’ai toujours eu, non pas un problème de complexe
mais un problème de légitimité : je n’ai pas fait d’études de design, je
n’ai pas une formation d’artisan. Je me suis longtemps interrogé :
pourquoi est-ce que je peux faire ça ? Je n’ai rien appris qui me permette
de le faire par contre j’ai envie de le faire. En France, on aime bien avoir
« un bon post-it » sur la tête pour étiqueter les gens en fonction de
leur formation et de leur diplôme… et c’est bien dommage ! En tout cas,
mon travail n’est pas un exutoire quel qu’il soit…
4. Vous avez dit : « J’aime ramener le passé dans le présent, je suis attaché aux différents
savoir-faire . »
Sur une frise chronologique, où vous situeriez-vous le plus volontiers ?
- Au
XVIIIème siècle comme un artisan d’atelier soucieux du détail ?
- Au
XIXème siècle en tant qu’ouvrier d’usine au contact de la matière brute
industrielle ?
- Au
XXème siècle dans l’étoffe d’un ingénieur technologique innovant ?
- Au
XXIème siècle comme un designer visionnaire éco-responsable soucieux de
l’environnement ?
Au fond, je me situerai plutôt dans la dernière période de la frise, au
XXIème siècle. Artisan ou ouvrier sous-entend « mono-matière » et moi
tout ce que je veux, c’est apprendre, comprendre tous les matériaux, sans
exception. Encore une fois, je me situe plus dans la démarche de
conceptualisation, en amont de tout process. Le côté environnemental me
correspond plus que la dimension technique, technologique ou industrielle.
"Moi
tout ce que je veux,
c'est comprendre tous les matériaux…"
5.
Philippe
Starck a pu dire : « La
fonction est indispensable à tout objet, même le plus futile. Mais il faut bien
comprendre que parfois, l’objet n’a pas la fonction que l’on croit… »
Dans votre démarche d’up-cycling, vous offrez un nouveau regard, une nouvelle
vie à des objets du quotidien. Vous les « travestissez ».
Qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre travail : le contact
avec la matière ou la recherche du détournement de la fonction de l’objet le
plus décalé possible ?
Il s’agit de deux sujets différents : la matière et l’objet. Ce
n’est pas le travail de la matière qui prime pour moi pas plus que le résultat.
Ce qui m’intéresse, c’est le détournement de la fonction. C’est une part de mon
activité et cela me plait beaucoup. Je souhaite « révéler la beauté d’un
objet ». Le bouchon d’une bouteille de gaz, un bidon d’huile, qui peuvent
laisser indifférent quiconque a priori, quand je les ai entre les mains, je
trouve que ce sont de beaux objets. Les mettre dans un autre contexte, leur
attribuer une autre fonction me plait vraiment beaucoup. Faire d’un extincteur
la base d’un lampadaire, ou de façon plus subtile, d’une boule de pétanque une
suspension lumineuse et trouver finalement que la forme semble avoir été faite
pour cela ! Je fonctionne au coup de cœur, avec ce que j’ai sous la main
ou je réponds à une demande de client qui vient avec une thématique.
Je souhaite « révéler la beauté d’un
objet »
6.
Paul
Rand, célèbre graphiste, prétend qu’ « il y a 3 réponses possibles à une pièce de design : oui, non et
Wow ! Wow est la réponse que vous devez rechercher. »
Le Wow est-il votre objectif premier lorsque vous créez
une nouvelle pièce ?
Le Wow, c’est ce qu’il y a de plus flatteur effectivement. Je ne sais pas
si c’est ce que je recherche quand je le fais. Je pense que je le fais parce
que ça me fait plaisir de le faire ou alors parce que ça fait plaisir à mon
client. Je ne cherche pas à épater. Ce n’est pas l’objectif. Par contre, c’est
un peu la récompense ultime quand les gens font Wow ou lorsqu’ils sourient à la
vue de mes objets présentés sur des salons. Ils passent devant le stand, ils
s’arrêtent, semblent surpris et réagissent de quelque façon que ce soit. Il y a
un côté affectif et ce sourire ou ce Wow est très plaisant. Mais je ne pense
pas qu’on puisse dessiner un produit en pensant qu’on va provoquer un Wow. A
minima si on se fait plaisir soi-même, on a déjà rempli le contrat !
7. On dit que votre design est, entre
autre, hybride, doucement provocateur, extravagant, délibérément audacieux,
résolument chic, simple…
Si vous ne deviez garder qu’un seul de ces qualificatifs, lequel
garderiez-vous ?
Un seul ? Alors hybride. Parce que tout n’est pas provocateur, tout
n’est pas extravagant, tout n’est pas audacieux, tout n’est pas résolument
chic… Hybride car ni vraiment designer, ni artiste, ni créateur… mais néanmoins
un peu tout à la fois. Il y a peu d’agences de design qui fabriquent
elles-mêmes leurs produits. Moi, je fais un peu de design et je fabrique les
objets. C’est donc un créneau un peu hybride. Oui hybride me convient très
bien ! Des cloisons ont été cassées…
8. Dans certaines de vos pièces, vous
déjouez la fonction d’usage initiale.
A
quelle(s) autre(s) fonction(s) donnez-vous une priorité ?
- La fonction d’estime : pour tenter d’initier un lien affectif à l’objet ;
- La fonction symbolique : pour lui donner une identité ;
- La fonction technologique : pour rendre compte des prouesses techniques
accomplies ;
- La fonction esthétique : pour rechercher sa plastique idéale ;
- La fonction commerciale ?
Estime et esthétique avant tout. En fait, c’est bien l’une ou l’autre car
soit l’objet est beau, soit on établit un lien affectif avec l’objet. Je
reprends l’exemple du bouchon de gaz. Eh bien ce bouchon de gaz de notre
génération, on l’a tous connu, au camping, sous la gazinière de la mamie, on
l’a tous eu entre les mains à se faire mal au dos en tentant de soulever la
bouteille qui le prolonge… Du coup, d’un coup d’un seul, on a plein d’images
qui viennent à l’esprit, de vacances, d’enfance… Il y a sans aucun doute une
part d’affectif et donc d’estime. Sinon, c’est tout de même la fonction
esthétique qui prime.
9. Vous ne désignez pas que des objets,
vous désignez également des espaces. Préférez-vous
créer des objets pour sublimer un espace ou créer des espaces pour sublimer des
objets ?
Je préfère créer des objets pour sublimer l’espace. C’est l’objet avant
tout. L’espace est un lieu d’accueil, un décor. En tout cas, je n’ai jamais
fait la démarche inverse de créer l’espace pour sublimer l’objet. Même la
scénographie imaginée chez Porcelanosa autour de ces volumes triangulaires, est
la décoration seule d’un lieu. Le lieu est support à ce qui est mis en scène.
J’aime beaucoup beaucoup l’objet et tant mieux s’il est valorisé dans un
espace.
10.Question subsidiaire que je me dois
de vous poser : avec votre première marque WTKM (Watertankmanufacture), vous vous êtes orienté vers la création de
chasses d’eau… Pourquoi ce choix ?
Une passion depuis l’enfance !
Ma formation m’orientait plus à rejoindre des grands groupes
d’électricité pour gérer la haute-tension. Mais ce ne sont pas des univers qui
me plaisent. J’ai donc repris une petite entreprise de chasse d’eau avec ma
femme (la sienne…). Il s’agissait de
réservoirs cylindriques de toutes les couleurs. L’entreprise était en perte de
vitesse. On a donc modifié le process industriel et on en a fait la
« chasse d’eau objet ». De là, lorsque les gens ont vu que je faisais
ces créations-ci, ils m’ont demandé de réaliser des luminaires… Tout ce que
j’ai bâti, je l’ai fait en réaction à la demande des clients… C’est seulement
maintenant que je définis ce que j’ai envie de faire. Alors que jusqu’à
présent, mon offre répondait à des commandes. A aucun moment je me suis dit un
jour, je vais faire des chasse-d ’eau, des lustres, des tables ou des
scénographies de boutiques!
Dernièrement, on a réalisé une collection pour une marque : tout
cela ce n’est que de l’expérience et de la nouveauté, et ce n’est pas ce qui
constituera forcément véritablement mon offre de demain.
Aujourd’hui, tout ce qui est intéressant, joli à sortir ou à faire, je le
fais. Après, je ne sais pas ce que demain je mettrai le plus en avant. Ce que
je sais c’est que la partie « décoration d’intérieur », je le ferai
de moins en moins. En tout cas, si d’aventure je le fais, je le ferai vraiment
sur carte blanche. Je ne ferai plus le « tiède ». Je ferai des
projets pour lesquels on me fera confiance de A à Z, avec une identité très
marquée, forte, très forte. Je ne veux plus de nuances. Le beau ne suffit pas.
Ce que je veux faire maintenant, c’est de l’expression libre, de créer tous les
objets que je veux, ponctués de pièces uniques, de rencontres. J’aime créer
pour les autres. Finalement, c’est un bon équilibre entre de la petite série,
de la pièce unique, pour moi et pour les autres.
En son for intérieur
J’ai demandé à Vincent Rousseau de photographier un objet de décoration qu’il affectionne
particulièrement. Le voici.Cet objet parle de lui-même…
En rafales
- Si
je vous dis matière, vous me répondez ? JEU
- Si
je vous dis objet, vous me répondez ? EMOTION
- Si
je vous dis up-cycling, vous me
répondez ? MATIERE
- Si
je vous dis style, vous me répondez ? SURTOUT PAS!
- Si
je vous dis décoration, vous me répondez ? VOYAGE
Encore un magnifique article qui nous permet de découvrir un véritable artiste de l'objet! Merci Gisèle, merci Vincent pour toutes ces émotions !
RépondreSupprimerJe ne connais pas grand-chose au design, mais j'aime le beau. Et l'article de gisele.en2actes sait le mettre en valeur. C'est un article de grande qualité qui donne envie de s'intéresser à l'univers de ce designer "hybride" et à d'autres univers à travers les ambiances multiples qu'offre le blog. Blog ou source d'inspiration ? D'inspiration assurément.
RépondreSupprimerEt voilà encore un article qui nous permet de découvrir un nouvel artiste plein de talent et de modestie Merci Gisèle et à bientôt !!
RépondreSupprimerMerci, merci, merci
RépondreSupprimerMerci, merci, merci
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