Acte I : Une demeure de caractère façon Gatsby Le Magnifique
Je vous propose un voyage dans le temps. Pour cette
destination, pas besoin de la DeLorean DMC 12 de l’excentrique Doc Emmet Brown
ou de Marty McFly ! Les photos vont parler d’elles-mêmes et vont, sans que
vous ne vous en rendiez compte, vous transporter un siècle plus tôt en plein
cœur des Années Folles…
Qui n’a jamais rêvé d’être convié aux somptueuses fêtes que
donnait chaque samedi soir Jay Gatsby, alias Gatsby Le Magnifique ? Pas
forcément pour vivre les exubérances de ses soirées fantasques mais surtout
pour déambuler dans l’incroyable manoir de ce jeune homme incroyablement riche.
En tout cas pas de faux espoir, je ne vous emmène pas visiter cette illustre
propriété gothique de West Egg à New York (même si rêverais…) mais vous propose
de vous faire découvrir une vaste demeure de caractère qui date de la même
époque que le joyau de Long Island et qui témoigne également, dans une moindre
mesure certes, du mode de vie bourgeois des années 20.
Même si la fameuse Rolls Royce jaune du héros de Francis
Scott Fitzgerald n’est pas garée devant la maison, la belle façade en pierre de
taille s’impose d’emblée au-dessus de la ville. Et elle ne passe pas
inaperçue !
Son architecture cossue ressemble aux demeures de villégiature
d’antan. Je ne peux m’empêcher de la comparer aux villas début de siècle de
Nice ou Menton, Biarritz, Fécamp, Cabourg ou Royan. Mon esprit voyage et se
souvient aussi des propriétés de caractère de la ville d’hiver d’Arcachon ou
encore des maisons érigées pour satisfaire les touristes aristocrates friands
de « cure du bon air » (et du bonheur) à Vichy, Aix-les-Bains ou même
Chamonix. Ces maisons auxquelles je pense arborent toutes une fière allure
empruntant aux styles esthétiques les plus en vogue à l’époque.
Celle-ci est sobre presque austère mais ô combien élégante.
En haut de l’allée sur la droite un porche témoigne d’un accès de service idéal
pour décharger les courses ou autres livraisons.
Mais l’entrée principale
semble se faire par le haut. J’emprunte donc l’escalier sur la gauche et accède
au niveau d’un jardin terrassé joliment et symétriquement arboré.
Mon regard
est de suite happé par la vue surprenante sur la campagne verdoyante
environnante et sur les toits de la ville.
Cette bâtisse domine par sa
position, son architecture et sa superbe. Elle en est presque prétentieuse…
Trois marches en pierre et un perron encadré de colonnes
signifient l’entrée qui s’ouvre sur un hall aux dimensions démesurées.
Nous
sommes bien en présence d’une demeure bourgeoise qui a le goût du décor.
Sol en
damier, cheminée, élégantes boiseries et un escalier majestueux plantent ce
décor d’apparat.
Un piano y a trouvé légitimement sa place pour annoncer s’il
en est besoin que dans cette maison, tout comme dans les maisons bourgeoises de
la Belle Epoque ou des Années Folles, les pièces de réception bénéficient d’un
soin tout particulier.
Le salon et la salle à manger, même si finalement
paraissent proportionnellement moins grands, prennent une allure tout de même
ostentatoire à la mesure du désir de paraître de son propriétaire de l’époque.
Ainsi les pièces de représentations sociales viennent sur
l’avant, celles de la vie quotidienne avec ses services sur l’arrière.
La
bourgeoisie affiche en façade les signes de sa réussite et dissimule à
l’arrière ce qui ne doit être vu.
En 2018, ce mode de vie me semble
anachronique, déroutant, presque désuet. En outre, je me plais à imaginer
quelques secondes une scène de l’époque.
Tandis que les propriétaires reçoivent
leurs convives sur des airs de Jazz, vêtus pour ces dames des créations dernier
cri de Madame Coco Chanel, les domestiques en noir et blanc s’affairent à
l’office et grouillent dans les couloirs et escaliers dissimulés reliant le
salon à la cuisine et la cuisine à la cave. Aujourd’hui notre lifestyle a bien changé et ce sont les
enfants de la maison qui profitent de cette circulation biface pour faire de
fabuleuses parties de cache-cache !
Cette demeure est un diamant brut mais attend patiemment sa
remise en beauté.
La cuisine à l’arrière est petite et ne s’accorde plus avec
les besoins actuels d’une famille.
Trop éloignée des pièces à vivre comme le
salon ou la salle à manger, elle mériterait d’être repensée, modifiée mais sans
la dénaturer. C’est véritablement une mémoire historique à valoriser, un
patrimoine à honorer. Le mieux pour ce projet c’est de prendre son temps,
s’inspirer des lieux. Il s’agit bien de transformer cette maison pour l’adapter
à ses rêves ou à ses aspirations.
L’architecture de la maison doit guider le
projet d’aménagement et il convient d’en établir minutieusement la « carte
d’identité » : son histoire, ses caractéristique architecturales à
préserver absolument ou ses défauts à améliorer.
Par chance, aux étages, cette maison était déjà en avance sur
son temps et adaptée au confort de la vie moderne de l’époque. Les chambres
sont vastes, baignées de lumière et pourvues dès l’origine de salles d’eau ou de
salles de bains.
Ainsi, seule la décoration sera à repenser, à actualiser. Il
ne faudra évidemment pas sombrer dans le total look Gatsby pour faire entrer le
luxe d’un intérieur bourgeois. Même si la maison n’est pas à proprement parlé
de style Art Déco, il conviendrait pourtant, il me semble, de s’inspirer des
codes décoratifs de ces années 20 : le marbre, le velours, quelques
détails en laiton ou le bois sombre pourraient parfaitement s’y intégrer.
Sans en abuser, certains papiers peints dotés d’une palette
de couleurs riches faciliteraient la mise en valeur des moulures, des cheminées
ou des carrelages. Accepter de vivre dans ce lieu imprégné d’histoire, c’est accepter d’emblée
une décoration pourvue de personnalité. Tout sera à mon sens dans l’art du
dosage en mixant ce décor de caractère avec un mobilier actuel aux lignes
sobres et épurées. Il ne faudra pas se priver de quelques pièces du design du
XXème siècle ou d’œuvres d’art contemporaines pour préserver cette ambiance si
singulière et privilégiée d’une décoration chic et feutrée.
Voici une planche d'ambiance que j'ai imaginée pour le salon…
Quoiqu’il en soit, je jalouse déjà l’architecte d’intérieur,
le décorateur ou la décoratrice qui sera en charge du projet de rénovation de
cette demeure. Elle saura sans aucun doute garder la poésie propre à ces
vieilles maisons nourries de souvenirs. Elle n’attend qu’à retrouver un nouveau
visage. De toute façon, elle est bien trop originale et audacieuse pour faire
l’unanimité. Elle fait tout simplement rêver, à la manière de Gatsby car elle
aussi est magnifique.
Et puisque nous parlons rêve, je laisserai le dernier mot à
ce cher Antoine de Saint-Exupéry qui disait à son sujet : « Faites que le rêve dévore votre vie
afin que la vie ne dévore pas votre rêve » !
bravo! beau reportage pour les journées du patrimoine!
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